TEST – Shovel Knight - Plague of Shadows


Si comme moi vous avez une petite larme à l'oeil à chaque écoute de la musique du stage de Guts Man, et si à chaque fois, et ce dans n'importe quel jeu, vous essayez de casser tous les murs en espérant y trouver un poulet caché... et bien Shovel Knight est fait pour vous!

En effet, ce jeu sorti en 2014 est un merveilleux hommage aux meilleurs jeux de plateforme de la NES. Les références aux jeux les plus aboutis d'une époque fusent de toutes parts : Level et character design inspirés de Mega Man, une attaque par le haut à la Duck Tales et Zelda 2, des items cachés à la Castlevania, le tout regroupé sur une map à la Super Mario Bros 3. Le plus beau étant que le jeu ne se contente pas d'un simple hommage ; il sublime le tout pour vous offrir un jeu original de très bonne facture.

Shovel... Ca veut pas dire pelle en anglais ?!

Vous incarnez le chevalier à la pelle qui, après avoir perdu Shield Knight - sa comparse de coeur et d'armes - lors d'une mission, a pris sa retraite. N'ayant plus d'opposition, les forces du mal, ont ainsi pris possession de tous les chevaliers de la région pour les retourner contre vous. En tant que preux chevalier, vous vous devez de réagir... La configuration est ainsi proche de la série Mega Man, mis à part le nom des boss qui se termine par -Knight au lieu de -Man. Par contre, vous ne bénéficierez pas de leur item après les avoir vaincus. Ici on est plus proche d'un Metroid-vania: il vous faudra acquérir de l'argent afin de retourner au village vous acheter les items nécessaires à la continuation de votre quête.

A ceci s'ajoute des sprites somptueux évoquant tout à fait l'ère des 8-bits. Mais le point fort du jeu réside sans aucun doute dans les musiques qui se hissent instantanément en tête du top 50 des sound-track de la NES. Bizarre pour un jeu sorti en 2014 me direz-vous ? Et bien pas tant que ça, car l'homme qui est aux commandes de la musicale n'est autre que M. Jake Kaufmann, le créateur de la bande-son culte de Duck Tales. Cerise sur le gâteau, Mme Manami Matsumae, compositrice entre autre de la bande originale de Mega Man, est l'auteure de deux tracks. Dieu est grand et je l'aime.

Un kickstarter à 300 000 dollars, ça aide.

Les développeurs de Yacht Club Games ont bénéficié d'une grande marge financière financière, puisque si le kickstarter était au départ fixé à 75 000 dollars, c'est plus du triple qui a été récolté au final. Mais n'allez pas croire que ces honnêtes travailleurs en ont profité pour se remplir les poches. Car oui pour être à l'origine d'un jeu si beau - frôlant parfois la perfection - on se doit d'être honnête. Les développeurs vont donc, en plus de nous avoir fourni un jeu original, beau, amusant, maniable et difficile sans trop l'être, nous fournir plusieurs DLC et ce gratuitement. Un premier upgrade est d'ailleurs sorti il y a quelques semaines, vous proposant de jouer un des boss du jeu. Bien que le level design soit quasiment identique, tout le challenge des développeurs a été de renouveler totalement le gameplay en modifiant uniquement la mécanique du personnage principal.

Ayant su trouver un scénario original étroitement lié à la première histoire, les développeurs semblent avoir réussi le pari haut la main. Vous incarnez donc Plague Knight qui pour des raisons personnelles devra se frotter à chacun des boss. Je ne m'étalerai pas plus sur l'histoire. Tout comme le premier épisode, le récit prend la forme d'une histoire d'amour, et si le twist scénaristique semble moins grandiose que dans l'histoire de Shovel Knight, il me semble par contre plus subtil et profond. Je me suis donc frotté à cette nouvelle extension gratuite et bien qu'ayant éprouvé quelque peine à m'habituer au nouveau gameplay, je me suis très rapidement plongé dans cette nouvelle quête. C'est que le changement est subtile et radical en même temps, le tout est parfaitement dosé et parsemé de petits clins d'oeil à la première aventure.

Le système d'évolution et d'acquisition des items est donc complémentent différent que dans le jeu original. Par exemple, pour l'arme principale de Plague Knight qui devient le lancer de bombes, les upgrade vous permettent de customiser vos lancers selon trois variables : la trajectoire du lancer, le type d'explosion et la longueur de la mèche qui modifie le temps que la bombe va mettre à exploser. J'avoue ne pas avoir exploité la totalité des combinaisons – qui semble vraiment énorme - et m'être contenté d'une combinaison simple et efficace tout au long du jeu. C'est que chaque combinaison a sa maniabilité propre et demande un temps d'adaptation. Le nombre d'heures de jeu paraît ainsi assez conséquent pour celui qui souhaite maîtriser la totalité des combinaisons dans le but d'accomplir tous les exploits qui sont l'équivalent des trophées du Playstation Network... Bref, le système des points de vie est également très innovant et c'est donc avec une envie tout à fait fraîche que l'on se lance dans cette nouvelle quête.

En conclusion, les studios Yacht Club Games nous proposent un merveilleux projet qui laisse augurer de bien belles choses quand on sait que deux autres boss bénéficieront également leur propre aventure : King Knight et Pillar Knight. Belle manière de donner du corps à des boss qui trop souvent sont représentés comme de bêtes sacs à PV investis par Satan. Suivra plus tard un battle mode dans les grandes lignes similaire à Super Smash Bros. Un système de défi – en plus des exploits déjà présents - a également été ajoutés, afin de satisfaire les nombreux accros qui, ayant vendu leur NES à l'époque, n'ont plus d'autres solutions que de jouer à Shovel Knight pour assouvir leur penchant pixelovore. Sachant que le jeu a dépassé le million de ventes dans le monde, ils doivent être nombreux.

Avant le verdict final, je tiens à féliciter les développeurs pour les scènes de rêves qui ponctuent l'aventure du chevalier à la pelle. En effet, j'aime à accorder de l'importance à la narration dans les jeux-vidéo. Plus encore quand elle sort des sentiers battus en se détachant des codes induits par le cinéma ou d'autres médias, pour nous proposer des solutions narratives propres aux récits pixélisés. Notre chevalier à la pelle, aux vues de l'ampleur de sa quête, va régulièrement devoir s'assoupir. Vous dirigerez ainsi le héros au sein de son propre songe, pris dans la torpeur de devoir rattraper sa dulcinée qui tombe en chute libre, tout en étant assailli par des vagues d'ennemis. Un décor étrange, une musique mélancolique, le jeu ralentissant au fur et mesure que Shield Knight se rapproche du sol ; des scènes qui n'ont pas d'incidence sur la suite du jeu, qui sont simplement là pour ajouter du tragique à la trame du jeu... et récupérer quelques pièces en passant.

Note : Un A + synonyme de jeu culte.
Mention : Des DLC gratuits et de qualité, c'est tellement rare pour être vrai.

Dimitri

SHIT x TEST 1 - The Lost World


Lucien et Dimitri, ils aiment faire des jeux vidéo mais aussi, ils aiment regarder des films. Par contre, des fois, Dimitri et Lucien ils n'aiment pas les mêmes films. Par exemple, Dimitri n'a jamais été capable d'apprécier la valeur culturelle du chef d'œuvre qu'est Le Monde Perdu (ou The Lost World, ou Jurassic Park II) l'adaptation par Spielberg de l'adaptation par Crichton du roman de H.G.Wells.

Je ne vais pas m'éterniser sur les goûts malheureux de mon ami mais néanmoins acolyte.

Mais quand même.

Cet homme plein de qualité a qualifié "Lost World" de grosse daube. Parce qu'il y avait "trop d'incohérences".

Ouais, vous avez bien lu. Trop d'incohérence dans un film qui parle de dinosaures ressuscités de l'ambre sur une île du pacifique. Aucune mention de la maîtrise de Spielberg, aucun commentaire sur des plans séquences cultes comme l'attaque des raptors dans les hautes herbes, sur la qualité des effets spéciaux (sans l'aide de saloperies numériques)… Bref.

Suite à notre discussion au sujet de ce film, et là on va parler de jeux vidéo, une idée diabolique, vile et veule a surgit dans l'esprit non moins diabolique vil et veule de Dimitri :

LE SHIT TESTING

Il s'agit d'offrir à son camarade de jeu la pire daube possible et le contraindre à le terminer.

C'est ainsi que Dim m'a offert le jeu PS1 The Lost World, qu'il a trouvé pour cinquante centimes à Emmaus.

Le fourbe.

N'écoutant que mon courage, j'y ai joué. Ca a été dur, ça a été long (c'est ce qu'elles disent toutes, je sais). Mais je l'ai finalement terminé. Dans la souffrance, mais pas forcément celle à laquelle s'attendait mon ami hellène.

The Lost World donc, sorti en 1997, avait reçu un accueil terrible et souffert de critiques lamentables.

Ce jeu très difficile a pourtant été étrangement agréable à parcourir. Tout d'abord, on joue un compsognathus, tout en bas de l'échelle, qui se fraie un passage entre les jambes de brachiosaures, sautille partout, tente de tuer les dinos aussi petits que lui et fait de son mieux pour ne pas réveiller les baryonyxs quand il passe à proximité d'eux. Comme boss de fin, le compso malin affronte un chasseur humain armé d'un lance-roquettes, qu'il doit adroitement éviter. Ensuite de quoi, le joueur a le plaisir de se voir incarner ce chasseur (même s'il perd son lance-roquette au passage), pour une séquence plutôt… sympa où il avance en utilisant son grappin comme un bionic commando des années 90. C'était pas simple, c'était un peu moche, y'avait même des énigmes mais c'était… inventif et sympa.
Ensuite, c'est le plaisir sincère de jouer un vélociraptor, de manger ses ennemis vaincus pour regagner des points de vie et de pouvoir pousser des cris de raptors à l'envi (même s'ils ne servent à rien). Comme avant-dernière séquence, c'est le fantasme du paléogeek : on joue un T-Rex, un vrai, on avance en hurlant et on bouffe des raptors. Pour la dernière séquence, c'est une fille qu'on incarne (moi qui pensait qu'on avançait à chaque fois dans la pyramide alimentaire). Elle a aussi un grappin, mais le gameplay est différent de celui du chasseur, dans la mesure où on passe son temps à éviter le T-Rex lancé à nos trousses, ou alors envoyer des fumigènes pour l'attirer dans certains endroits pour qu'il "fasse le chemin".

Pour finir, on se bat contre deux T-Rex dans un bateau, lors d'une séquence pleine de tension, qui m'a rappellé (et je pèse mes mots) les combats de boss de fin des deux premiers Resident Evil.

Alors finalement ce shit test… C'était pas tant shitesque que ça.

En fait, je me suis vachement moins ennuyé que pendant une partie de FIFA ou de Civilization. C'était… C'était… amusant.

Je ne pensais pas te le dire mais … merci Dim pour ce shit gift.

Maintenant, c'est à mon tour de te faire un petit cadeau…

Note : 65'000'000. 
Mention : Avez-vous prévu d'avoir des dinosaures, dans votre parc à dinosaures ?

Lucien


TEST - Mega Man : The Willy Wars


Mega Man : The Willy Wars est le seul opus de la série phare de Capcom à être sorti sur Megadrive. Il s'agit d'un portage des épisodes 1, 2 et 3 édités à l'origine sur NES. M'étant récemment lancé dans une quête effrénée consistant à refaire tous les épisodes de la série, je me suis dit que quitte à rejouer aux trois premiers, je pouvais très bien les refaire dans une version qui m'était inconnue. D'autant plus que ces chapitres sont ceux auxquels j'avais le plus joué dans mon enfance.

Le menu principal vous propose de choisir entre les trois aventures dans lesquelles vous pouvez vous lancer. Le fameux système de password – qui m'a fait remplir tellement de petits cahiers - a été abandonné au profit d'un système de sauvegarde. Vous pourrez ainsi avancer dans les trois jeux simultanément en conservant facilement votre progression, ce qui est très agréable. Faisons-les dans l'ordre.

Mega Man 1 c'est le plus dur.

J'ai joué sur émulateur et je ne sais pas si cela en et la raison, mais le jeu était truffé de petits bugs. Il manquait par exemple des effets sonores et pas des moindres : le son du boss qui explose pourtant propre à la série. Bref, il faudrait que je trouve une cartouche originale pour vérifier. Donc Mega Man 1. Après une introduction où l'on découvre que le Dr. Light souffre de graves tocs au niveau des yeux, l'aventure commence.

Très rapidement il me semble reconnaître les musiques qui ont bercé tellement d'heures de jeu. Je les reconnais, mais pas tout à fait. Elles sont plus molles, moins rock. Alors au début ça va, mais assez vite je me surprends à aller écouter les versions originales sur Youtube... Au niveau graphismes, et ce sont les mêmes dans les trois jeux, les sprites sont beaux... sauf peut-être celui de la UP supplémentaire qui nous présente un Mega man atteint d'obésité.

C'est donc porté par le doux air de la nostalgie que je parcours les stages de ce soft mythique. Tiens ! Je ne me souvenais pas qu'il y avait un item permettant de créer des plateformes dans Mega Man 1. C'est peut-être pour cela que certains sauts me paraissaient impossibles à l'époque. Fatalité rituelle dans Mega Man, le château du Dr. Willy . Levers de sourcils classiques et bien rythmés. Ha oui ! On devait battre un clone de Mega Man ; idée déjà maintes fois utilisée dans le jeu-vidéo, mais très intéressante dans ce cas précis avec l'utilisation de l'aspect miroir : quand on change d'arme le clone fait pareil.

A la fin du jeu on voit Mega Man courir cheveux au vent et là je me souviens du choc existentiel que cela a provoqué en moi : « Mais !? Il peut enlever son casque ?...  » La sensation s'est encore accentuée au moment où, j'ai découvert la pochette de Mega Man 2 sur laquelle on nous présentait un robot avec un casque intégré impossible à enlever, puis qu'en guise de scène d'introduction, on voit Mega Man les cheveux au vent. J'étais perdu.

Mega Man 2 il est assez dur quand même...

Pour beaucoup de gamers Mega Man 2 est le plus bel épisode de la série : chaque boss, chaque stage, chaque musique frôlent la perfection. Merci Dieu. Pas de grand changement par rapport au portage du premier avec toujours les mêmes bugs de son. J'ai également du me battre avec d'immenses lags contre Gemini Man. Passons directement à Mega Man 3 qui à l'époque m'avait laissé quelques peu pantois.

En effet, le troisième opus, bien que n'étant pas exempt de qualités, m'avait marqué du souvenir d'un jeu trop facile, perdant du coup un peu du piquant propre à la série. Pourtant, il pourrait être considéré comme plus dur que les épisodes précédents, car en plus du classique château et de la deuxième série de combats contre les boss, le jeu offre des remake de stages existants à la fin desquels il faut battre des ennemis du deuxième épisode. Très bien me diriez-vous. Hé bien oui mais.

Les stages sont corsés comme le veut la tradition, le problème n'est pas là. C'est l'utilisation des items qui par contre pose quelques problèmes. Rush dispose de trois transformations : le trampoline, le sous-marin et le skate à propulsion. Le skate vous permettra de voler à votre guise dans les différents niveaux, et c'est bien là qu'est le problème. En effet, une fois l'item acquis vous ferez fi de tous passages présentant la moindre difficulté ; par exemple les blocs qui apparaissent et disparaissent en faisant « vooouu... vooouu... ». Le retour des boss de l'épisode précédant ajouté en fin de jeu serait-il là pour combler un item trop puissant permettant de terminer le jeu trop facilement ? Qui peut le dire ?

Je me souviens très bien avoir ressentie une autre sensation qui a été confirmée dans le portage : après chaque passage difficile, vous retrouverez systématiquement de grosses recharges vous permettant de faire le plein de vie. Les Energy tank ont également perdu de leur rareté. Malgré ces quelques réserves, Mega Man 3 reste un excellent soft. Si les développeurs ont eu la volonté de toucher un public plus large en allégeant la difficulté du jeu, il conserve cependant plusieurs qualités. Tout d'abord, et bizarrement je n'en avais pas le souvenir, les musiques qui sont excellentes. Deuxièmement, Mega Man 3 est l'épisode qui voit soudre la volonté de doter la série d'un scénario plus profond. Ainsi vous devrez vous confronter régulièrement à Proto Man, qui se révélera être votre frère. Il y aura également quelques interludes dans le laboratoire du Dr. Light, nécessaires pour faire le point de la situation. Le générique à la fin du jeu, nous apprend également que les robots du premier épisode avait été créé par le Dr. Light et que Roll, seule représentante de la gente féminine, est en fait un robot femme de ménage.

Si j'ai bien compris Mega Man 3 c'est le plus facile ?

J'ai trouvé très étrange que le troisième opus reprenne le personnage du cyclope jaune et l'idée de clone de Mega Man 1... Serait-ce là les premiers signe d'un essoufflement créatif qui donneront naissance des années plus tard à Hornet Man ? Qui peut le dire ? De toutes les manières, une fois les trois jeux terminés vous pourrez accéder à un épisode exclusif : Willy Tower. Vous y affronterez trois nouveaux robots issus de la légende chinoise Voyage vers l'Occident, dont s'est notamment inspiré le grand Akira Toriyama pour la série Dragon Ball. Pour ceux qui souhaite lire cette légende dans la version originale, il me semble l'avoir trouvée, et ce après des années des recherches, dans une édition de qualité qui est celle de La Bibliothèque de la Pléiade sous le titre de La Pérégrination vers l'Ouest par Wu Cheng'en.

Revenons-en au mini-jeu qui se distingue par le fait qu'avant chaque stage, le Dr. Light vous proposera de choisir entre tous les items et armes des trois premiers jeux pour vous équiper. A vous donc d'établir, de manière stratégique, quelles seront les armes les plus adaptées. C'est du moins l'idée telle qu'elle vous est proposée. Dans le concret, tout bon fan de Mega Man sait très bien quelles sont les armes les plus valables. Pour ce qui est des stages, aucun sprite, mis-à-part les boss, n'ont été créés pour l'occasion. Vous déambulerez donc des levels aux allures de pots-pourris des trois premiers épisodes. C'est parfois réussi et parfois moins... Pour conclure, je conseille le Mega Man : Willy Wars aux gros fans de la série qui auront un plaisir certain à découvrir de nouveaux robots, pour les autres qui souhaite juste se remémorer quelques souvenirs, faîtes-les sur NES.

Note : Un C anecdotique
Mention : Comment faire deux fois moins bien avec une console deux fois plus puissante.

Dimitri


TEST - Mafia 2


J'ai toujours été attiré par les histoires de mafia. Tout d'abord les films, avec en première ligne, et avant même la série des Parrains, la trilogie de Martin Scorsese constituée de Mean Streets, Les Affranchis et Casino. Si les héros y étaient dépeints comme des connards de base, ils me fascinaient.

Puis vient un jour de novembre 2007. J'écoutais l'émission Histoire Vivante sur la première chaîne de la radio suisse. Ils consacraient une semaine au thème de la mafia. Les journalistes s'étaient rendus à Rome dans un lieu secret afin d'interviewer un homme : Roberto Saviano, auteur du livre Gomorra. J'ai été totalement absorbé par l'histoire de cet écrivain originaire du village le plus mafieux de toute la Campanie, qui a décidé de crier tout haut ce que personne n'avaient osez dire avant lui.

Après avoir dévoré le livre de l'auteur napolitain, j'ai aisément pu me détacher de la fascination aveugle et sans fondement que j'avais pour ce type d'organisation criminelle. Car si les personnages de Scorsese étaient cons mais marrants et attachants, ceux de Saviano - qui sont des personnages réels - ne devenaient que profondément stupides et égoïstes. J'ai donc mis de côté les histoires de mafia pour un temps. Jusqu'en 2013 où j'ai découvert la série Les Sopranos, à laquelle j'ai totalement accroché.

La série de David Chase nous présente Tony Soprano, un mafieux vivant à New Jersey. L'intérêt réside dans le fait que le héros nous est présenté tant dans sa vie professionnelle que privée. Nous sommes donc face à plusieurs facettes du personnage qui ayant vécu lui-même avec un père travaillant dans le milieu, peine à ne pas reproduire le même schéma avec ses enfants. Le tout est accentué par les séances de psy du héros auxquelles nous avons le privilège d'assister.

C'est pas un peu long comme introduction ?

Le spectateur se retrouve donc rapidement tiraillé entre la sensation de dégout face à un Tony se comportant de manière exécrable, tout en gardant malgré tout un certain attachement pour le héros. Et c'est là toute la magie de David Chase qui joue avec nous en alternant des phases où Tony démonte la gueule d'un de ses employés, ou alors trompe sa femme sans vergogne avec une pute quelconque, avec par exemple, une scène où Tony chantonne la chanson Oh Girl des Chi-lite. Et pourquoi aime-t-on Tony malgré tout ? Personnellement je pense que d'un certain point de vue, Tony est un super-héros. Un super-héros de l'hypocrisie, de la mauvaise-foi et un champion pour se mentir à lui-même. Bref, il incarne à merveille les principaux maux de notre monde moderne.

A cela, le réalisateur a ajouté une profondeur supplémentaire à la série en abordant d'autres thèmes vu du point de vue de la mafia : le 11 septembre et le terrorisme, l'homosexualité, la fierté des origines avec lesquelles le lien direct est fragilisé par la distance... Une scène illustre bien la volonté d'aborder de grands thèmes, c'est celle où Patsi Parisi va récolter le pizzo dans un nouveau café de son quartier. Un établissement genre Starbucks... Le jeune manager black, après avoir compris les sous-entendus des deux mafieux, leur explique que tout est compté au centime près dans ce café, et que s'il manque la moindre pièce, il se fera virer sans état d'âme et ils auront face à eux un nouveau manager. Une fois dehors, Patsi dit à son collègue : « C'en est fini des gens comme nous. » Une scène qui critique la politique des grosses chaînes de restauration tout en la confrontant à une vieille tradition mafieuse. Génial. Mais le plus classe dans Les Sopranos, c'est les vannes de Tony.

- Salut Tony.
- Salut. Il est pas là le mec ?
- Quel mec ?
- Ben celui qui t'encule.

Si je m'attarde sur la série produite par HBO, c'est parce qu'en commençant le jeu Mafia 2, j'espérais ne pas tomber dans les clichés typiques des films de mafia. J'espérais justement que le jeu aborde le sujet d'un autre point de vue qu'il me pousse à la réflexion, voir qu'il m'apprenne des choses. Et cela a très bien commencé avec la scène en Sicile. Surpris que le jeu nous emmène dès le début en Europe, je n'avais effectivement jamais envisagé qu'en temps de guerre les américains favorisaient les italo-américains lors du recrutement pour le vieux continent. J'ai également pu découvrir un personnage historique du nom de Don Calò...

N'étant pas historien de la mafia, je ne m'attarderai pas trop longtemps sur le sujet, mais penchons-nous un instant sur Calogero Vizzini. Pour une fois que le jeu-vidéo me pousse à me cultiver... Bref, Don Calò est le mafieux classique du type « bienfaiteur généreux ». Une image qu'il s'est construite à coup d'opportunisme, de meurtres, de vols et de condamnations en tout genre. La situation va changer avec l'arrivée au pouvoir de Mussolini qui va tenter de briser le règne illégitime de Vizzini sur la province sicilienne de Caltanissetta. C'est ce qui l'aurait poussé à collaborer avec les forces alliées lors de l'invasion de la Sicile. L'image de Don Calò dans un tank, telle qu'elle est présentée dans le jeu Mafia 2 relève de la légende. Certains historiens réfutent même l'idée d'une collaboration entre les forces alliées et la mafia. Difficile donc à distinguer le vrai du faux, il n'empêche qu'après la guerre, Vizzini est nommé maire de Villalba, son village natal. Les américains privilégiant les idées antifascistes et anticommunistes, auraient participé, ou du moins ne se seraient pas opposés à l’ascension politique du Don.


Un mec arrive avec la joue boursoufflée :

- Salut Tony !
- Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
- C'est le canal dentaire. Ils m'ont bourré d’anti-inflammatoire et j'ai la tête dans le cul.
- Ouais, ben il te reste un peu de merde sur la gueule.

C'est donc ravi par cette première scène de guerre éducative que j'aborde la suite du jeu. Et là, c'est une seconde bonne surprise. Une fois de retour de Sicile, c'est Joey qui vient vous chercher. S'ensuit un genre original de cinématique : Joey a pris le volant, vous êtes donc passager et votre seul rôle, alors qu'il vous raconte ce qui s'est passé durant votre absence, est d'observer la ville. Vous n'êtes donc pas totalement passif comme dans une cinématique classique, mais presque. Vous pourrez ainsi contempler le joli travail de modélisation de la ville d'Empire Bay, tout en écoutant votre ami. Je pointe cette originalité narrative, car je déplore que trop souvent le jeu-vidéo se plie aux codes cinématographiques en matière de narration. Or la scène en question est clairement irréalisable au cinéma. On commence donc par deux très bons points et je commence à envisager ce jeu comme un chef-d'oeuvre.


Malheureusement, même si la narration est vraiment bien travaillée tout au long du jeu, mes attentes n'ont finalement pas été comblées. Et bien que le scénario soit de qualité et bien ficelé, j'en attendais plus. Pour ce qui est des expériences narratives, il n'y en aura plus et on se rapprochera comme habituellement des codes visuels du cinéma. Pour exemple la scène de la prison, qui s'éternise avec des combats n'ayant pas énormément d'intérêt et se terminant religieusement par un cadrage propre aux films d'action. A partir de la sortie de prison, le jeu se contente de nous exposer la totalité des clichés des films de mafia ; chaque cliché étant prétexte à une nouvelle mission. Dommage c'était bien parti, j'y ai cru.


Chris découvre que Ralph avait une moumoute, surpris, il demande à Tony s'il le savait et ce dernier lui répond :

- Qu'est-ce que tu crois, t'es tellement défoncé que même s'il avait eu la touffe de ta mère sur la tête tu ne l'aurais pas remarqué.

Mais bon j'arrête ici les chipotages, car j'ai passé un excellent moment sur ce soft. Dire le contraire serait trahir les heures que j'ai passé à rouler sans commettre le moindre forfait afin de pouvoir écouter tranquillement la musique sans être dérangé par les sirènes de la police. Car la bande-originale et tout le travail sur la restitution de l'époque rendent le jeu très immersif ce qui est à pointer d'un pouce levé. Vous pourrez ainsi conduire un Hot Rod en écoutant The Andrew Sisters, le tout en buvant un Rum and Coca Cola dans votre salon.


Mais le point le plus immersif du jeu est sans aucun doute la quête annexe vous proposant de retrouver cinquante journaux Playboy disséminés aux quatre coins du jeu. En partenariat officiel avec la fameuse firme de presse coquine, chacun des magazines vous donne accès à un cliché original de l'époque. Magnifique. Autant vous dire que si j'avais toujours la fougue vidéoludique de mes 20 ans je n'aurais pas hésité une minute à collecter la totalité des images.


Pour conclure, le deuxième opus de la saga Mafia est de bonne facture. Même si on frôle parfois la répétition, le soft s'en sort finalement en variant légèrement les missions. S'il avait été un peu plus ambitieux et pris un peu plus de risque, le soft aurait pu être top.


Note : Un B comme Spaghetti bolognaise.
Mention : J'ai particulièrement apprécié la Playmate n°21.

Dimitri