TEST - Heavy Rain


Heavy Rain, c'est un jeu vidéo narratif très bien écrit et mis en scène, où le joueur est à la fois spectateur d'une enquête et acteur de sa résolution : s'il n'existe aucun game over, les concepteurs ont prévu dix-huit fins différentes, selon la manière de progresser du joueur : ses conclusions, ses réussites et surtout ses choix. Quand l'implication du joueur influe sur le résultat de la narration, j'applaudis et j'en redemande. Surtout que là où les jeux de Telltale par exemple (Walking Dead, Game of Thrones, etc.) permettent d'avoir une certaine influence sur le déroulement de la partie, l'implication du joueur est telle dans Heavy Rain que des arcs narratifs entiers peuvent apparaître, disparaître ou être modifiés par notre volonté.




Le premier mars 2016 est sortie l'édition PS4 de cet excellent jeu PS3 sorti en 2010, Heavy Rain. J'ai eu l'occasion de terminer ce jeu il y a quelques semaines et je me dis que cette réédition est une excellente opportunité de parler de ce jeu très intéressant. Edité par les français de Quantic Dream (qui ont conçu également Beyond Two Souls, qui peut être acquis en bundle hd avec Heavy Rain mais aussi les moins connus mais néanmoins très bien fichus Fahrenheit et Nomad Souls). Le portage ne justifie pas un achat à lui seul, mais ce n'est pas le propos de ce test. 
L'histoire nous raconte la traque d'un serial killer (un quoi ?), appelé le "tueur aux origami" : celui-ci kidnappe des petits garçons et les tue en les noyant dans de l'eau de pluie.  Le jeu nous permet de suivre et incarner quatre personnages qui enquête sur ce serial killer (ce quoi ?) : Ethan Marsh, dont le fils a été enlevé et qui sera prêt à tout pour le retrouver (selon les limites que se fixera le joueur), Scott Shelby, un détective privé à l'ancienne qui est mandaté par les familles des victimes précédentes, Norman Jayden, un agent du FBI adepte des nouvelles technologies et la jolie Madison Paige, une journaliste motarde. Chacun nous fait découvrir une partie de la trame et permet au joueur de pouvoir dénouer la pelote de laine et comprendre qui est ce serial killer (ha, un serial killer !). 



Bref, Heavy Rain est un jeu adulte, plus riche qu'il n'y paraît et si son gameplay est parfois limité par sa forme (il s'agit essentiellement de QTE ou de choix rapides à faire), le pont qu'il constitue entre le média narratif et le média ludique, justifie à lui seul la nécessité pour les passionnés à parcourir du début à la fin ce récit interactif.
Note : HR
Mention : Madison est sexy.


Lucien



Sources images:


TEST - Super Mario Paper


J'ai joué à Super Mario Paper en 2007 je pense - lors de ma période de disette - chez mon pote Eligio. Nous avions continué sa partie en cours qui nous opposait alors à un boss Otaku dégénéré. J'ai tout d'abord été surpris par ce combat qui se déroulait sous forme d'un interview décalé et comique. Dans le chapitre suivant, nous nous retrouvions sur une planète déserte avec pour seul bâtiment des toilettes publiques. A l'intérieur une voix qui nous demandait de lui amener du papier. Et là je me suis demandé : "Je joue à Mario ou quoi ?". Suite à ce questionnement existentiel, Mc Astagne, un des boss du jeu, quitte l'écran en s'envolant grâce à la puissance de son pet.

Un Mario expérimental ?

Qu'est-ce qu'un jeu expérimental ? Je vous rassure, ce test ne répondra pas à cette question. Un jeu expérimental va, selon moi, tenter d'aller aux limites des différents aspects qui compose un jeu : une thématique tellement poussée qu'elle devient choquante, une durée de vie plus longue que la vie humaine, des manettes destructibles,...  bref, tout est envisageable. En allant aux limites des différents aspects qui composent un jeu, les auteurs remettent en question l'image que tout un chacun se fait du jeux-vidéo. Je vous encourage vivement d'aller jeter un oeil à ce qui se fait dans le domaine. Arte a publié sur son site un documentaire nommé Let's Play, qui présente un panel significatif de ce qui se fait dans le domaine. Mais la question reste en suspend Super Mario Paper est-il un jeu expérimental ? Pour un Mario : oui. Nous allons maintenant voir point après point en quoi le soft se démarque des autres épisodes de la série culte de Nintendo.

Le scénario tout d'abord. Comme vous l'aurez constaté en introduction de ce texte, le scénario aborde des thèmes très profonds comme les pets et les WC. Ne vous arrêtez pas à cette première impression ; le scénario de Super Mario Paper est vraiment chouette et surtout très riche. Encore plus si on le compare aux Super Mario classiques qui se contentent d'un : "aller sauver la princesse". Même si l'histoire commence à peu près de la même manière, assez vite la version "paper" se distingue par une plus grande profondeur. Le fait de pouvoir diriger Bowser en est la preuve. En effet, un peu comme dans Super Mario Bros 2, vous aurez la possibilité de jouer quatre personnages, Bowser remplaçant Toad, mais ici vous pourrez changer votre personnage à tout moment, chacun d'eux ayant ses capacités propres indispensables à l'avancée du jeu. L'histoire parle d'une prophétie issue d'un livre maudit. Peach a été kidnappée par le mystérieux comte Niark et, en se réveillant, constate qu'elle est en robe de mariée face à Bowser. Vous l'aurez compris c'est le comte qui a organisé le mariage contre son plein gré. Lorsque Mario apprend la disparition de la princesse il pars à son secours. Notre héros moustachu devra donc faire face au bestiaire classique de la série, ici hypnotisé par le conte Niark. A ceci s'ajoute tout un univers graphique bien différent lié au concept principal du jeu : la possibilité de switcher de la 2D à la 3D.

Ha ben enfin il parle de ça...

Oui, car la véritable originalité du jeu réside dans ce concept qui, s'il a été repris depuis dans des jeux comme Fez, devait être expérimental au moment de la sortie du premier épisode sur la Nintendo 64 en 2001. En effet, vous pouvez changer de point de vue à tout moment, révélant ainsi dans la profondeur de la 3D certains passages invisibles en 2D. Les designers ont ainsi créé de nouveaux personnages et un nouveau bestiaire avec un style graphique se distinguant du style classique de la série. Si certains sont réussis, je trouve que de manière générale les personnages manquent de caractère.



Pour en finir avec les points négatifs, les derniers niveaux m'ont semblé un peu plus faibles et répétitifs, même si le dernier stage est sympa. L'utilisation - expérimentale - de la Wii-mote comme une sorte de détecteur ne m'a pas convaincu, car trop peu instinctive. J'ajouterai également, mais c'est sans doute ma rabajoisité légendaire qui entre en ligne de compte, que j'ai très vite senti que l'humour à tout va allait me saouler et cela a été finalement le cas. Si j'ai parfois hurlé de rire comme jamais, j'ai très souvent passé des dialogues étant censé me faire rire par lassitude. Voilà, maintenant je ne vais dire que des trucs positifs.

T'es sympa toi.

Un point qui, pour un Mario du moins, peut-être considéré comme expérimental est la diversité de gameplay proposé à l'intérieur du jeu. Vraiment, ça par dans tous les sens, avec en apothéose un hommage aux RPG tour par tour. Vous utiliserez également un genre d'item qui élargiront les possibilités des mécaniques envisageables. Ce dernier point ajoute un peu à l'aspect brouillon du jeu, car ayant beaucoup d'item à disposition, on ne pense pas instinctivement à utiliser le bon item au bon moment. Mais bon...



Cette image tirée du poème Coup de dès par Stéphane Mallarmé paru en 1897 dans la revue Cosmopolis pour vous parler du sixième chapitre de Super Mario Paper. En effet, vous aurez pu le constater dans ce texte, les développeurs se sont essayés à l'innovation sur plusieurs points. S'ils ont plus ou moins bien réussi pour la plupart des tentatives, ils m'ont totalement bluffé pour le chapitre six. En effet, ce stage se passe dans le Néant. Vous déambulerez ainsi dans un monde vide pendant plus de cinq minutes. L'idée de sacrifier un stage entier pour donner du poids à un événement scénaristique ajoute une véritable force au récit, et ce, au risque de perdre quelques joueurs impatients. Et là, c'est de l'expérimentation.



Je ne suis pas un spécialiste en poésie, mais du point de vue composition graphique  Mallarmé a beaucoup joué avec le blanc, « preuve nuptiale de l'Idée » selon lui. C'est en lisant le très bon ouvrage Mise en page de Massin que j'avais découvert le travail graphique de Mallarmé. Massin y aborde l'importance du blanc, du vide dans une composition. Il y cite également Sterne qui, dans Vie et opinions de Tristram Shandy, se permet de laisser des suites de pages entièrement blanches pour symboliser le temps qui passe et ainsi inviter le lecteur à une contemplation littéraire. Le monde de l'édition d'hier comme d'aujourd'hui, avare de papier, ne se permet que trop rarement des gaspillages de ce type. Je trouve donc plaisant que Nintendo se soit permis de gaspiller un stage de Mario afin de nous offrir -exceptionnellement - une expérience plus contemplative.

Note : B+
Mention : Quoi j'ai oublié de dire que le jeu avait les caractéristiques d'un RPG et que c'est trop cool ?

Dimitri


Référence :
MASSIN, La mise en page, édition Hoëbeke, 1991, Dijon.

TEST - Mario Picross



Par un funeste hasard
j'ai découvert ce jeu
à présent l'œil hagard

j'espère l'oublier un peu 
Je n'étais qu'un sale gosse
quand j'avais joué chez un pote
sur Game Boy à Mario Picross
j'avais rien pigé, "c'est de la crotte",

Trente années se sont écoulées
et en cherchant pokémon bleu
sur l'e-shop pour mon fils ainé
le destin m'a fait tomber sur un jeu

Je ne le connaissais guère
mais il était gratuit
et mettait en scène les pockets monsters
alors j'ai dit oui

c'était Pokémon Picross sur DS
j'ai honte mais je l'avoue
j'y ai joué à m'en faire mal aux pouces
et j'en suis arrivé au bout
Cherchant comme un perdu
d'autres picross à résoudre
je ne sais comment je me suis souvenu
d'un jeu qui me donnerait à en découvre
Alors j'ai téléchargé ce trésor
un jeu oublié dispo sur SNES :
Mario Picross, une pépite d'or
mal aimé et sans finesse
Il propose quatre niveaux
de quinze tableaux chacun
d'abord avec Mario puis pareil avec Wario
c'est que du Picross, c'est pas très marrant

J'en ai fait le tour en trois heures
remplir des cases et faire des petites croix
et mon plus grand malheur
c'est que j'ai bien aimé ça.

Oscar Wilde "Mario Picross c'est moche mais prenant", 1873 in Lost Poems from Oscarinou
Note : 3,1415926 (cross)
Mention : autant ça que des sudoku.
Lucien

TEST – Batman Arkham Knight


N'ayant fait aucun des épisodes de Batman sur PS3, je me suis rué sur l'épisode PS4. Etait-ce une erreur, sachant que Batman Arkham Knight est la suite directe de la trilogie et que je craignais donc ne pas comprendre le scénario ? Finalement, s'il est toujours mieux d'avoir fait les épisodes précédents, le jeu peut se terminer très bien de cette manière.

Je démarre le jeu. Je repère sur l'écran des logos celui de Monotype. Monotype est une fonderie typographique, c'est-à-dire qu'ils dessinent des ensemble de lettres, comme par exemple Arial, Times New Roman,... Le mot fonderie est repris du temps où les lettres étaient fondues dans le plomb. Ayant beaucoup d'intérêt pour l'édition, je connais l'importance que peu avoir le choix d'une typographie appropriée à l'oeuvre. La différence peut être très fine, mais l'oeil du graphiste est particulièrement affuté à trouver le lettrage idéale. J’apprécie de ce fait énormément que le studio Rocksteady ait fait appel à une fonderie de renom.


Le jeu sorti en juin 2015 est magnifique. Caractérisé par une ambiance très sombre, il se rapproche de l'atmosphère de la trilogie de Christophe Nolan en forçant même le côté ténébreux, réaliste et violent qui la caractérisait. Le jeu est un GTA-like et vous déambulerez dans un Gotham des plus glauque et en crise. C'est ainsi à l'aide de votre grappin, en planant et dans la Bat-mobile, que vous parcourrez les rue infestées de criminels. D'après ce que j'ai pu comprendre la Bat-mobile est la grosse nouveauté de la série. On commence assez vite par un passage vous proposant une utilisation de la voiture qui vire à l'action-plateforme 3D... et ce n'est pas des plus concluant. Heureusement, sauf si vous souhaitez finir le jeu à 100%, vous n'aurez plus à exécuter ce genre de pirouettes. Le combats à bord de votre bolide, que ce soit en mode furtif ou en poursuite, présentent un vrai challenge et demanderont une maîtrise de l'engin qui soit dit en passant est très maniable. Si les combats à mains nues peuvent paraître dans un premier temps un peu simplistes, toute la subtilité qu'ils présentent se révèle au fil de l'aventure. Les phases d'infiltration sont également très bien pensées. La quête principale présente un scénario de qualité. Le jeu arrive à se détacher des codes cinématographiques pour présenter une fin vraiment chouette dans laquelle vous passerez au point de vue FPS, c'est-à-dire à la première personne.

Ha non... Il recommence avec ses trucs de cinéma.

La fin est magnifique. Quel plaisir de découvrir de quelle manière les jeux sont en train de s'émanciper des codes du cinéma pour proposer une expérience propre au médium. Bien entendu je ne ferai aucune révélation vous gâchant l'histoire, mais très vite Batman sera victime du gaz hallucinogène de l'Epouvantail. En effet, ce dernier est sur le point de réduire Gotham à la folie générale. C'est en tentant de l'en empêcher que vous inhalerez un peu de gaz, vous condamnant à des hallucinations récurantes durant toute l'aventure. La manière dont ces visions sont insérées est originale et participent clairement à la narration. En plus de la quête principale vous aurez à faire face à plusieurs méchants profitant de l'occasion pour exécuter leur plan machiavélique. Vous pourrez ainsi à tout moment switcher entre les différentes missions proposées. Si les quêtes sont variées et bien pensée, je trouve dommage, d'un point de vue narratif, de pouvoir casser la linéarité scénaristique à tout moment en mettant la quête principale de côté, et ce même dans les moments où le temps presse.

En conclusion, Batman Arkham Knight est superbe et m'a donné envie de faire les épisodes précédents. Ayant entendu dire que la version PC était truffée de bugs à sa sortie, je n'en ai constaté que deux ou trois - dont un qui m'a obligé à redémarrer la console- sur PS4, toutefois bien pardonnable aux vue de la liberté de mouvement incroyable que propose le jeu.

Note : A comme Alfred.
Mention : Les clins d'oeil inclus dans le jeu, comme l'affiche du Grey Mask ou l'affiche de la représentation des Grayson, sont vraiment sympas.

Dimitri